Lecture : L'utopie déchue, de Félix Tréguer
10 avril 2021
Le métier de magasinier : disparition ou évolution ? Laetitia Bracco, Université de Lorraine
Organisé par le CFCB Bretagne PDLL
Je suis plutôt du côté territorial, ça m’intéresse de voir ce qu’il en est en BU.
Contexte : enquête nationale de Mediat Rhône Alpes sur collègues Catégorie C université. Résultats par région > ça nous a donné envie de faire un parcours spécifique magasiniers.
Laetitia Bracco : Mémoire sur le métier de magisiner avec sous titre “disparition ou évolution ?". Interrogation d’un grand nombre de collègues pour ce mémoire. Data librarian : données de la recherche. Avant université haute Alsace, responsable d'équipe avec magasiniers. Pourquoi ce sujet d'étude ?
- encadrement de 4 collègues avec des missions et profils différents. Epatée par la diversité et l’hétérogénéité des missions.
- question du management > pas facile de trouver un équilibre entre agent qui préfèrent leurs missions tradi et d’autres qui veulent sortir du cadre
- difficile d’avoir des promotions, notamment pour les magasiniers
- on ne parle jamais des magasiniers dans la littérature pro
- envie d’aller plus loin que les stéréotypes : plus besoin d’elleux car plus de docs papier, des moniteurs étudiantes, des automates de prêt.
Elle a travaillé sur la filière Etat.
Plan : I un mémtier hors-norme > l’existant. II Un environnement pro en pleine mutation III nouvelles missions, nouveau métier ? Le ressenti des agents. IV Comment répondre aux défis posés par l'évolution du métier de magasinier ? > les pistes.
37,4 % des effectifs de la filière bibliothèque FPE en 2016 et pourtant, seulement 9 dont 7 rapports de jury sur la bibliothèque numérique de l’Enssib (depuis 2000). Maintenant, il y en a 14. Il a fallu donc multiplier les sources :
- catalogues de formation CRFCB
- manuels de prépa concours
- rapports de l’IGB qui parlaient des missions sans citer les magasiniers (ex du rapport sur le stockage des docs imprimés - magasinier pas cité une seule fois).
En plus, 15 entretiens dans des bib variées, retranscrits dans les annexes du mémoire.
##I - Un métier hors-norme Cadre administratif : corps créé en 1967. Au départ “gardiens de bib” (catgorie D qui a disparu en 1990) et “magasiniers de bibliothèque” en catégorie C. Missions en 1967 : collections, surveillance des salles… Le décret n’a pas fortement changé, même si on parle plus d’accueil. Mais le coeur de mission reste le même. Le decret actuel date de 1988 avec plus de notion d’accueil et distinction entre magasinier et magasinier principal sur la notion d’encadrement. Missions statutaires : accueil, orientation, classement, conservation, équipement, entretien, sécurité, manutention et management pour les mag principaux. Mais on voit bien qu’il en manque plein ! Si on regarde les référenciels métiers, cela complique le tout : ils apportent des précisions (formation, AC), mais aussi de la confusion (suivant les référentiels, un nombre de compétences différentes). cf. moémi rosenberg mémoire sur les référentiels métiers. Pour autant, elle a observé que magasinier et magasinier principal ont les mêmes missions alors que pourtant le recrutement est très différent : direct pour les premiers, sur concours pour les seconds.
Pourquoi le recrutement sans concours est privilégié ?
- Eviter les personnes sur-diplômées
- laisser une chance aux collègues moins à l’aise avec l'écrit
- permettre un recrutement sur place et favoriser moins de turn-over.
Le concours semble de plus en plus dépassé. Les épreuves :
- note à rédiger avec calculs sans calculatrice (ou avec le public pas d’accord)
- questionnaire
- à l’oral : entretien et classement de fiches.
Programme du concours : on ne parle pas de science ouverte, à peine de ressources numériques mais beaucoup de la réparation des livres. On a des choses très précises alors qu’il faut se rappeler que c’est niveau brevet. Elle a épluché les rapports de jury de l’IGB, qui reconnaissent la déconnection entre les épreuves et la réalité, pour la note et le classement de fiches.
Raison : le texte de référence est le statut et pour éviter les recours, les sujets doivent coller au statuts.
Depuis 2001, il y a une très forte baisse du nombre de postes ouverts au concours et on recrute maintenant plus en externe qu’en interne.
Beekast -> sondage en ligne sur le niveau de diplome. Peu de magasiniers ont juste le brevet. Les lauréats du concours ont majoritairement Bac +3 minimum. La plupart des lauréats ont une formation en sciences humaines et sociales, ce qui ne forme pas aux missions des bibliothèques. Aucune formation post-concours obligatoire.
Décalage cadre/fonction.
II un environnement professionnel en pleine mutation
Quelles activités aujourd’hui ? Image de l’homme-orchestre. Les missions des magasiniers ne s’arrêtent pas à celles du statut. Sujet des notes administratives : impression que le métier est figé (récolement, dégât des eaux, désherbage…). Le dernier : gestion de planning avec moniteur-étudiants. La profession souffre d’un déficit d’image. Les questions posées aux candidats : le magasinier récalcitrant est un cas d'école. L’accueil et les colelctions sont centrales. Mais émergence de nouvelles missions : formation, médiation. A partir de 40 fiches de postes, elle a synthétisé les activités de magasinier. 86 % des fiches comportent des activités de coeur de métier (accueil, rangement, chantiers sur les collections physiques, surveillance, sécurité, équipement) , mais plein d’autres missions pas prévues dans le statut : formation, catalogage, services au public, gestion interne… Sur la formation : 12 % des fiches de poste mentionnent des TD, formation interne et 41 % des visites. Catalogage : 32 % exemplarisation, 15 % catalogage complet, 15 % signalement littérature grise. Collections : 29 % action culturelle (aide technique), 22% (AC conception) Services au public : le renseignement en ligne est ce qui progresse le plus (39%) et l’assistance appareils numériques (32 %). Gestion interne : 37 % pour suivi de stats, mais aussi relances lecteurs, responsable planning, veille… Management : plus souvent gérer des moniteurs que des agents.
5 grands profils qu’on ne retrouve pas dans les référentiels métiers et statuts :
- traditionnel : coeur de métier
- collections : valorisation et catalogage
- manager : suvent en plus du profil tradi
- médiateur : actions culturelles…
- administratif : planning, stats.
Ca pose des question sur les formations nécessaires.
COmpétences dans les fiches de poste :
- bureautique à 51 % -> normal
- plus étonnant : droit de l’information pour 10 % ou connaissance des normes de catalogage.
Collections, une gestion nouvelle :
- moins d’acquisition papier (l’IGB a signalé une baisse d’un quart des acquisitions papier en X ans).
- moins de PEB (dans la salle a priori ça dépend des disciplines).
- retour des magasins avec plus de rotation des collections (mais ça dépend)
- fonds patrimoniaux de plus en plus signalés
- essor de la valorisation
- Compétences applicables à la documentation électronique.
En BU, peu voire pas d’externalisation de l'équipement des collections.
De nouvelles activités :
- Service public qui se réinvente : qualité (labélisation Marianne -> 6 BU en 2017 labélisées), renseignement mobile (ex. de Paris VIII - résultats mitigés) et à distance. Professionalisation et valorisation du métier d’accueil, avant tout menée par les magasiniers. Question des automates de prêt (posture plus active d’accueil, tâches négatives comme pénalités de prêt reportées sur la machine). La majorité des demandes de formation des magasiniers portent sur l’accueil
- Signalement : (colodus développé par l’ABES pour faciliter le travail de l’exemplarisation). Je ne comprends pas ce que c’est. La transition bibliographique augmente le travail de catalogage pour les catégories B, les catégorie C s’y investissent donc.
- La formation des usager·e·s. : visite des bibs… En Alsace, label formateur pour tous les collègues -> parcours bibliothécaire formateur.
##III Le ressenti des agents.
Elle s’est appuyée sur les 15 entretiens, anonymes. Des profils variés. Sentiments assez ambivalents :
- frustration : surtout quand statut a servi à refuser de nouvelles missions. Les tâches peuvent être répétitives. Frustration liée au salaire par rapport aux missions qui sortent du cadre. Difficultés face au numérique.
- Crainte, surtout de la disparition du sens avec la multiplication des missions. Devoir assumer de plus en plus de missions, sans avoir la formation qui va avec.
- passion et enthousiasme, malgré le manque de reconnaissance. Curiosité et envie de nouvelles compétences.
- Attention portée aux sensibilité des autres. Pas de concurrence entre ceux qui veulent en faire plus.
Ce qui est ressorti :
- le statut doit évoluer. Toujours de l’enthousiasme mais inadaptation du recrutement, du statut, et une paralysie des promotions et des mutations. Les collègues interrogés voient peu de différences en tre magasinier et magasinier principal. Inadaptation du terme qui ne reflète plus di tout les missions et difficile à mettre au féminin. Méfiance à l'égard des concours. Les sur-diplômé·e·s ne sont pa sforcément mal dans leurs postes. Les personnes en décalage cadre/fonction sont contentes de leurs missions mais relèvent le problème du salaire.
- La définition du métier actuel sont homogènes, mais l’avenir fait débat. Les activités actuelles sont tentaculaires. Le service public est une source de stress mais aussi de fierté (par exemple dans les label Marianne). Tension autour du renseignement : pendant longtemps, catégorie A et B et c’est parfois toujours le cas. C’est souvent mal perçu car les magasiniers se sentent qualifiés pour y répondre. Les magasiniers sont favorables à des formations sur le sujet. Le service public arrive en tête des activités favorites, le plaisir de se rendre utile. Les stéréotypes du jeune surmotivé et du vieux réfractaire au changement est faux au vu des entretiens. La formation continue a un rôle important à jouer.
- redéfinition du positionnement : en général, les relations sont bonnes avec les B et les moniteurs. Par contre, c’est compliqué pour les encadrant·e·s d’encadrer des agents aux aspirations très différentes. Ex de point de crispation : avoir un bureau à soi.
Important de s’appuyer sur les parcours et compétences pour faire de beaux postes.
##IV Comment répondre aux défis posés par l'évolution du métier de magasinier ?
Faire évoluer le statut : évolution cadre administratif, changer de nom, évolution des référentiels métiers… Améliorer le processus de recrutement et d emobilité. Changer les concours et former post-concours.
Changer l’organisation des BU :
- identifier les tâches-clefs de demain : acquisitions, formations et médiation de 1er niveau.
- maintenir et promouvoir des missions coeur de métier : investir les chantiers CollEx-Persée, élargir les missions d’accueil
- Repenser le management : distinguer moniteurs et magasiniers, les implisuer dans la gestion de projet, revaloriser le métier.
“impression d'être une pâte à modeler. J’aimerais faire des acquisitions” Rennes 2 : agent de médiation.