Réduire son empreinte numérique - mon intervention
21 septembre 2020
Aujourd’hui, 21 septembre, avec Marie-Lorraine, Franck, Mathieu et Thibault, nous sommes intervenu·es dans le cadre de la Nantes Digital Week, autour de la question de la réduction de notre empreinte numérique. Cette intervention avait pour but de partager nos connaissances, réflexions et retour d’expériences autour des questionnements du numérique et de son impact sur l’environnement. Outre l’animation du salon BigBlueButton qui a servi à une cinquantaine de personnes pour suivre l’événement, j’ai pu partager quelques réflexions et outils issus de mon quotidien professionnel. En voici le contenu (c’est synthétique, j’avais 10 minutes !).
Je m’appelle Julie Brillet, je suis formatrice indépendante au sein de l’Ouvre-Boîtes 44, après avoir été bibliothécaire pendant 16 ans. Je forme principalement les bénévoles et professionnel·les des bibliothèques, notamment à la médiation numérique. Il est important pour moi d’avoir des outils qui correspondent à mes valeurs, ces choix se sont cristallisés autour de deux axes principaux :
- l’indépendance à des modèles reposant sur le capitalisme de surveillance et la centralisation du Web, comme les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).
- l’appropriation de mes outils, a contrario de la prolétarisation du numérique (le fait de ne plus posséder ses outils numériques et de ne pas en avoir la maîtrise).
Assez logiquement que je privilégie des outils libres. Pour mémoire, un logiciel libre, c’est un logiciel qui doit respecter 4 libertés :
- Celle d’utiliser le logiciel comme on l’entend
- Celle d’étudier le fonctionnement du logiciel et de le modifier en fonction de ses besoins
- Celle de redistribuer le logiciel
- Celle d’améliorer le logiciel et de publier les améliorations.
En synthèse, c’est un modèle qui repose avant tout sur la transparence : on a accès au code-source, c’est-à-dire à la recette de cuisine. Pour revenir à la question de l’environnement, on peut citer les associations Alis44 ou Nâga, qui font du reconditionnement d’ordinateurs sous Linux et permettent ainsi d’offrir une seconde vie à du matériel tout à fait adapté à des usages du quotidien : navigation, bureautique, visionnage de vidéos…
Vous connaissez sûrement un certain nombre de logiciels libres : Mozilla Firefox, VLC, Thunderbird, Libre Office ou le système d’exploitation Linux. Parmi tous les logiciels que j’utilise, je souhaite en mettre en avant trois.
Ma découverte du confinement a été BigBlueButton. C’est un logiciel de classe virtuelle avec lequel j’ai pu donner des formations en ligne, organiser des réunions, des ateliers… J’ai pu le faire grâce à FAImaison, fournisseur d’accès à Internet associatif de Nantes, qui l’a hébergé à partir du début du confinement.
J’apprécie beaucoup le projet libre Yunohost, qui rend accessible l’auto-hébergement aux personnes, qui, comme moi, ne sont pas administratrices systèmes. Ainsi, j’ai chez moi, un Rhapsberry pi, sur lequel j’héberge Dolibarr et un Nextcloud. Ce dernier me permet d’avoir accès de n’importe où à mes supports de formation, tout en les hébergeant localement.
Les CHATONS, collectif d’hébergeurs alternatifs, transparents, ouverts, neutres et solidaires, qui rassemble des structures proposant différents services, comme des pads (éditeurs de texte collaboratif), framadate (alternative à Doodle) des sites de partage de fichiers, tableaux de post-it, etc. Le site d’entraide, créé pendant le confinement, permet d’avoir un point d’entrée unique. On rapproche souvent le modèle des CHATONS des AMAPS.
Cependant, j’ai bien conscience des limites du modèle. J’en ai recensé deux qui me paraissent importantes.
Il y a tout d’abord l’effet réseau. Quand on travaille pour un·e client·e qui a l’habitude de Zoom ou Teams, dans une équipe qui a l’habitude de Facebook, changer ses outils implique de changer des habitudes collective.
Il y a également la problématique du modèle économique. Utiliser le BigBlueButton de FAImaison ou Yunohost mobilisent de l’énergie bénévole, certains outils peuvent nécessiter un coût et du temps en hébergement… Pour moi, la pérennité de tels modèles passe forcément à un moment par la sortie de modèles client·es/prestataires et de réfléchir à la question de la gratuité. Quand vous utilisez un outil gratuit qui se rémunère grâce à la collecte des données personnelles, est-il réellement gratuit ?
Pour vous donner du grain à moudre, une initiative de Framasoft me semble intéressante de ce point de vue : RESOLU pour “Réseaux éthiques et solutions ouvertes pour libérer vos usages”. C’est un site et un livre numérique destinés aux structures de l’économie sociale et solidaire, qui vise à les accompagner dans la recherche d’alternatives libres et éthiques qui correspondent à leurs valeurs.
En synthèse, j’ai essayé d’insister sur deux points qui me paraissent importants : prendre le temps de réfléchir à ses outils et jouer collectif !