Au dernier épisode, je vous racontais la préparation de ma rentrée universitaire. Je vais essayer ici de retracer les premiers mois en alternance entre l’Université et Codeureuses en liberté, mes enthousiasmes mais aussi les difficultés rencontrées.

Vive la rentrée

C’est parée de mon sac, de ma nouvelle trousse, de mes surligneurs à paillettes et de mon ordi que je me suis rendue à la réunion de pré-rentrée. Nous avons eu une présentation des cours à venir et la semaine suivante, ça a vraiment commencé !

Nous sommes une petite promotion d’une douzaine d’étudiant·es. Nous sommes deux à avoir rejoint le Master en deuxième année dans le cadre d’une reprise d’études, les autres étaient déjà ensemble en Master 1 l’année dernière. Dès le premier jour, j’ai été très bien accueillie par mes camarades de promotion qui m’ont tout de suite incluse dans le groupe.

J’ai eu la sensation de faire une vraie rentrée en fac de socio : je me suis perdue dans les couloirs, j’ai emprunté trop de livres dans la bibliothèque de section, des cours ont sauté pour des blocages de la fac… C’est vraiment rigolo de vivre ça à 45 ans.

Par contre, dès le début, les relations m’ont parues très tendues entre enseignant·es et étudiant·es. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais l’année dernière a été “compliquée” pour la promo qui nous précédait… Les enseignant·es et les étudiant·es n’ont pas exactement la même analyse des événements, mais ça a débouché sur un serrage de vis en règle pour nous avec contrôle de l’assiduité, promesses de contrôles surprises et un beau remontage de bretelles à la réunion de pré-rentrée (alors que les problèmes concernaient l’année précédente).

Se plonger ou se noyer dans la sociologie ?

Les cours de ce Master sont très axés sur la réflexivité. On nous fait lire des textes de recherche, les analyser, les discuter… Pour être en capacité d’analyser les rapports de pouvoir dans l’entreprise dans laquelle nous effectuons notre alternance ou les sources de notre légitimité professionnelle.

Pour moi qui n’ai lu que de la sociologie appliquée autour de certaines thématiques, les débuts ont été difficiles. J’ai trouvé les textes de recherche très ardus à comprendre et surtout j’ai eu l’impression d’être gavée de concepts, de noms de chercheur·euses, de réflexions, sans pouvoir prendre le temps de les assimiler et d’être capable de les utiliser.

Heureusement, j’ai tenu le coup en travaillant beaucoup et régulièrement. Au fil des semaines, j’ai eu l’impression de progresser très vite. Les textes et les cours se faisant écho, j’ai pu commencer à construire un paysage mental sociologique plus clair. J’ai aussi gagné en efficacité pour faire des fiches de lecture ou aller à l’essentiel.

L’alternance, une charge mentale doublée

Le Master 2 se déroule en alternance, sur un rythme de 15 jours à l’université suivis de 15 jours en entreprise. Nous avons dans nos structures une double casquette en tant qu’alternant·es : nous devons poursuivre des missions de préventeur·ices des risques professionnels et, en même temps observer la structure avec des lunettes de sociologue pour écrire un Mémoire de recherche sur une problématique observée.

J’ai commencé mon alternance le 1er octobre à Codeureuses en Liberté, j’ai été très bien accueillie (et à l’heure où j’écris ces mots, je m’y sens vraiment bien). Si ça vous intéresse d’en savoir plus sur le contenu de mon alternance, j’ai écrit ce billet de blog pour 24 jours de web qui détaille de façon plus fine ce que j’y fais.

Par contre, l’alternance, c’est épuisant. On me l’avait dit, mais le vivre, c’est autre chose. Tous les quinze jours, on doit changer de rythme et de contexte, tout en faisant du lien entre les deux : on apprend à l’université des choses utiles pour l’entreprise, et on doit pour des évaluations de la fac utiliser notre Terrain. En ce qui me concerne, je n’arrive pas du tout à séparer les deux, j’ai l’impression d’être constamment au four et au moulin et en terme de charge mentale, c’est vraiment intense.

L’Université est une structure maltraitante

Je savais, pour avoir enseigné à l’Université ces dernières années que la fac, c’est compliqué. Mais là encore, le vivre, en tant qu’étudiante, c’est autre chose.

Je pourrais vous parler de ces cours qu’on reporte faute de salle informatique, de cette enseignante qui manque de pleurer à chaque cours, des arrêts non remplacés… Mais je crois que ce qui m’a le plus marqué, c’est la relation négative entre étudiant·es et enseignant·es. Je vous ai déjà raconté un peu plus haut que des événements l’an dernier ont vraiment dégradé la relation entre les profs et les étudiant·es. Je ne sais pas ce relève du contexte ou de la bureaucratie dans ce que je vis, mais l’absence de soin entre enseignant·es et étudiant·es me fout littéralement en PLS.

Je pense que j’avais une vision idyllique de ma reprise d’études : des cours passionnants et passionnés, avec des camarades futur·es sociologues du travail avec qui on discuterait politique et sociologie tout le temps. Bon, c’était sûrement un peu idéalisé, mais la réalité en est quand même très loin !

C’est aussi très difficile de se retrouver dans une position d’évaluée, surtout quand les attendus et la grille de notation ne sont pas du tout explicites (ça, ça dépend des profs). Je bosse énormément sans trop savoir si ce que je fais est suffisant et c’est très perturbant. Je suis en train de réaliser que je mets beaucoup (trop ?) d’enjeux dans les notes, surtout depuis qu’on m’a dit qu’un des critères de l’acceptation en thèse est d’avoir une mention bien au Master. Bref, je suis un peu perdue, sous pression et j’ai des difficultés à prendre du recul sur les dossiers à rendre, à poser mes besoins et mes limites quant au travail fourni.

Mais reprendre mes études était une super idée quand même

Bon, j’ai beaucoup parlé du négatif, mais quand même je suis hyper contente d’en être là où j’en suis. L’alternance, c’est vraiment une expérience stimulante, j’adore mes camarades, le contenu des cours m’ouvre de sacrées tempêtes de cerveau et je n’ai pas perdu la flamme : la sociologie, c’est super!

Je prévois d’écrire un nouveau billet de blog en 2026, peut être autour du mémoire et des évaluations de janvier ?

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