Mes lectures 2020
31 décembre 2020
Avec près de 80 BD, essais et romans lu·es, cette année 2020 a été chouette ! J’avais envie de partager avec vous quelques livres marquants lus ces douze derniers mois.
De l’Imaginaire
J’avais commencé en 2019 la formidable trilogie de la Terre fracturée de N. K. Jemisin. J’ai à nouveau glissé mon chemin de lecture dans les pas d’Essun, cette héroïne capable de transporter et transformer les éléments minéraux d’une planète en proie à de nombreux conflits et catastrophes. Cette trilogie, dont les trois tomes ont tous eu le prestigieux Prix Hugo, est magnifique. Les personnages sont complexes, l’hitoire parle d’amour, de solidarité, de pouvoir… et de maternité d’une façon extrèmement juste. J’ai trouvé que le rythme ne faillait jamais et j’ai beaucoup pleuré à la fin.
Cela faisait très longtemps que je tournais autour des romans d’Ursula Le Guin sans vraiment m’y plonger. Un documentaire sur l’autrice projeté aux utopiales 2018 (je crois), et plus récemment la conférence de Lunar pour Game Impact sur les futurs (in)désirables m’ont fait prendre le temps de lire Les dépossédés. Cette utopie “ambigüe” se passe entre Urras, planète capitaliste et sa lune Anarres, société fondée sur le modèle du communisme libertaire. Ce livre subtil fait grandement écho à des préoccupation du moment, sur la privatisation du savoir et l’équilibre complexe entre individualisme et bien commun. Je pense poursuivre l’exploration du cycle d’Hekumen de cette autrice en 2021.
Des essais
J’ai lu de nombreux essais cette année, autour du féminisme, du journalisme et du numérique. Il y en a un cependant en dehors de mes thématiques de prédilection qui m’a bien marquée : La force de l’ordre de Dider Fassin. En effet, il m’a permis de mieux comprendre le racisme systémique dans la police et les violences policières. Didier Fassin, anthropologue et sociologue, a fait une enquête de terrain en accompagnant une brigade anti-criminalité de la région parisienne entre 2005 et 2007. C’est passionnant, enrichissant et j’aimerais tellement que les personnes qui expliquent les problèmes dans la police sont liés à des individus lisent ce livre avant de parler.
En matière de livres féministes, si vous n’en lisez qu’un, je vous recommande Le genre du capital de Céline Bessière et Sibylle Gollac. Ces deux sociologues ont enquêté sur les séparations, divorces et héritages et montrent dans cet essai brillant et très agréable à lire combien la famille hétéro appauvrit les femmes. Pour moi, elles lèvent ici le voile sur une partie jusqu’à présent obscure : on étudie les inégalités entre les familles, mais pas celles au sein des familles. Lisez-le, vraiment.
J’ai également été touchée par deux lectures successives qui se sont répondues l’une et l’autre : Le consentement de Vanessa Springora et Une culture du viol à la française de Valérie Rey-Robert. Et là encore, prendre de la hauteur permet d’aller au-delà des cas individuels et de prendre la mesure d’un véritable système de domination.
Enfin, deux livres courts et documentés m’ont marquée par leur capacité de synthèse. J’en ai parlé sur mon blog : je vous recommande Te plains pas, c’est pas l’usine sur l’exploitation en milieu associatif et Bâtonner, une synthèse autour des médias et du journalisme vraiment percutante.
Et pour finir, de la BD !
J’aime beaucoup la BD documentaire et je suis donc une lectrice régulière de La revue dessinée. Je regarde en général avec attention les coéditions qu’elle propose. Cette année, j’ai eu le plaisir de découvrir le travail de la journaliste Inès Léraud, qui a travaillé autour de l’impact de l’industrie agro-alimentaire bretonne sur l’environnement et en a fait une BD, intitulée Algues vertes, l’histoire interdite avec l’illustrateur Pierre Van Hove. C’est révoltant !
Enfin, ma petite BD chouchou est Dans un rayon de soleil de Tillie Walden, ce space-opera délicat et imaginatif. Je ne vous en dis pas plus, mais je vous invite à vous plonger dans ce beau roman graphique.